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18 March 2025

La crise du textile : comment en est-on arrivé là ?

Les entreprises de textile de seconde main comme Terre : que font-elles ? 

Depuis 1963, Terre asbl est investie dans la collecte, le tri et la réutilisation de textile dans une perspective de préservation de l'environnement. Sa mission première ? Permettre à des personnes éloignées du marché de l'emploi de se réinsérer sereinement dans notre société. Ces activités sont basées sur les principes de l'économie sociale et solidaire : privilégier l'humain au profit

Aujourd'hui, Terre asbl, c'est plus de 300 travailleur·euses actifs dans 3 secteurs d'activités :

  • La collecte de textile grâce à un réseau de plus de 2500 bulles implémentées en Wallonie et à Bruxelles ;
  • Le tri du textile dans nos 2 centres de tri localisés à Herstal et Couillet. Le textile y est non seulement trié pour être revalorisé dans l’une des 32 boutiques Terre, mais également compacté pour être livré à des partenaires en économie sociale et solidaire :
    • Des clients à l’international achètent de la marchandise adaptée à la réutilisation, c’est-à-dire des vêtements encore en bon état. Chez Terre asbl, une éthique de travail très claire est établie et respectée : les vêtements exportés doivent être en bon état, sans tâches ni trous, et doivent être adaptés au climat des pays dans lesquels ils sont vendus. Des audits sont régulièrement menés par l’organisme européen externe, TESS.
    • Les vêtements dont l’état d’usure est trop avancé pour la réutilisation sont redirigés vers les filières de recyclage. Par exemple, les t-shirts en coton sont découpés en chiffons d’essuyage (une activité notamment réalisée en interne), et ensuite vendus à des entreprises de maintenance industrielle ou actives dans le secteur de la construction. Le jean, le polyester ou la laine sont acheminés vers des recycleurs industriels et transformés en panneaux d’isolation ou en feutrine pour l’industrie automobile.
  • La vente de vêtements de seconde main dans plus de 30 boutiques présentes en Wallonie et à Bruxelles.

Depuis quelques années, les entreprises de textile de seconde main comme Terre asbl, les Petits Riens ou Oxfam connaissent des phénomènes nouveaux non-négligeables qui ont un impact direct sur leurs activités : 

  • L'afflux toujours croissant de vêtements de fast et d'ultra fast fashion : on achète plus, pour moins cher et de moindre qualité.
  • Le succès des plateformes de revente de vêtements comme Vinted, qui permettent à tout un·une chacun·ne de gagner de l'argent en se débarrassant des vêtements qu'il·elle ne porte plus.

 

En quoi ces phénomènes impactent-ils les entreprises de textile de seconde main ?

 

  • Elles doivent collecter et trier une plus grande quantité de vêtements de moindre qualité. Ce qui engendre deux conséquences :
    1. La gestion des collectes est de plus en plus difficile vu la quantité exponentielle des vêtements dont les gens se séparent ;
    2. Certains vêtements ne peuvent plus être revendus aux partenaires locaux, nationaux et internationaux dû à leur faible qualité. Il faut donc les incinérer et le coût de cette incinération est quant à lui répercuté sur les entreprises de seconde main.
  • Les entreprises de textile de seconde main collectent moins de vêtements de bonne qualité, vendus désormais par le particulier en direct, et se voient donc réduire la part de vêtements envoyée aux boutiques Terre… Ce qui réduit la part de bénéfices réalisés.

En conclusion, suite à l'avènement de la fast et ultra fast fashion et des plateformes de reventes de vêtements, les entreprises de textile de seconde main font moins de bénéfices et dépensent plus pour collecter et éliminer la marchandise de moindre qualité.

Le saviez-vous ? Chaque tonne de déchets textiles non-réutilisables coûte 180€ à incinérer. En 2023 déjà, ces coûts dépassaient le million d’euros pour Terre asbl ! 
 

Nouvelle directive européenne depuis janvier 2025


Une nouveauté depuis le 1 janvier 2025 vient également accentuer ces impacts : les nouvelles règles en matière de tri du textile établies par une directive de l'Union Européenne. Celle-ci interdit désormais de jeter des textiles dans les déchets résiduels, sauf s'ils sont mouillés ou souillés. Bien que l'objectif de cette directive soit vertueuse au niveau environnemental, la gestion de la collecte, du tri et de la réutilisation devient un défi encore plus grand à relever

En effet, avec une augmentation des textiles collectés, principalement des textiles impossibles à revaloriser, les coûts de tri et de gestion des déchets ultimes vont encore plus monter en flèche. Surtout que sans une Responsabilité Élargie des Producteurs* (REP) pour le secteur textile, les acteurs de l’économie sociale comme Terre asbl supportent seuls cette charge financière. Le soutien accru des pouvoirs publics pour pérenniser les actions des entreprises de textile de seconde main et pour garantir la réussite de cette transition écologique est donc indispensable. 

Cela étant dit, les pouvoirs publics ne sont pas les seuls acteurs sur qui nous devons compter… Nous toutes·s en tant que consommateurs·rices pouvons avoir un impact sur cette crise du textile !

 

Comment agir en tant que consommateur·rice ? 


Un adage dit : le meilleur déchet est celui qui n'existe pas ! Autrement dit, si nous consommons moins de vêtements de fast & ultra fast fashion, il y aura moins de textile de moindre qualité à jeter, collecter, trier et recycler. Et si on achetait moins, mais mieux ? En effet, opter pour des vêtements de seconde main ou de meilleure qualité permet de contrer les effets néfastes de cette surconsommation et de prolonger la durée de vie des textiles. 

Où peut-on trouver ces vêtements ?

  • Chez Terre asbl, les Petits Riens ou Oxfam, une large gamme d’articles de seconde main est proposée dans les magasins. Chaque achat dans ces boutiques contribue non seulement à préserver l’environnement, mais aussi à soutenir les projets d’insertion socioprofessionnelle.
  • La marque d'upcycling « Re-Vive by Terre » a pour vocation de redonner vie à d’anciens vêtements et les mettre au goût du jour.
  • Des friperies proposent également des vêtements de seconde main et de bonne qualité.
  • Des marques vertueuses proposent également des vêtements de bonne qualité, fabriqués en Europe et que l'on peut garder des années ! 


Des alternatives existent pour non seulement minimiser les impacts de la crise du textile au niveau sociétal & environnemental mais aussi, pour pérenniser les activités et les emplois dans les entreprises de textile de seconde main. Alors, on commence dès maintenant 😊 !

*Concrètement, la REP obligerait les producteurs de textiles à prendre en charge les coûts liés à la fin de vie de leurs produits, depuis la collecte, le tri et jusqu’à l’incinération ou le recyclage, et à contribuer activement à des solutions de recyclage. 



Vous avez envie d'en savoir plus sur la crise du textile et ses impacts pour les sociétés de textile de seconde main ? 

Le groupe Terre, en association avec Terre asbl, la Fédération Ressources et achACT asbl, vous propose une conférence-débat GRATUITE animée par Vinz Kanté pour mieux comprendre la crise que traversent les acteurs du réemploi et du recyclage textile de seconde main.

Venez nous rejoindre le jeudi 10 avril de 18h à 20h15 au B3 à Liège !

👉 S'inscrire à la conférence du B3 👈


 

 

 




 

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