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17 September 2019

Le Roi Philippe en visite à l'occasion du 70e anniversaire du groupe Terre

Ce jeudi 19 septembre, un air de fête souffle sur le parc industriel des Hauts-Sarts à Herstal. Le groupe Terre, qui célèbre cette année son septantième anniversaire, reçoit la visite de Sa Majesté le Roi. Au cours de cette visite, l’accent est mis sur l’activité de récupération des vêtements et ses enjeux, mais également sur le modèle entrepreneurial alternatif développé par le groupe Terre. La visite a tout pour séduire notre Souverain qui a exprimé à plusieurs reprises au cours des derniers mois l’intérêt qu’il porte à l’entrepreneuriat social et son souhait de lui donner une visibilité particulière.

Parcours d’un sac de vêtements

Guidé par William Wauters, Président de Groupe Terre asbl, le Souverain découvre tout d’abord le parcours d’un sac de vêtements, étape par étape. Tout commence au niveau des bulles à textile où la population dépose ses dons. Terre compte 2.500 bulles en Régions Wallonne et de Bruxelles-Capitale. Celles-ci permettent de collecter chaque année 18.000 tonnes de textile et toutes affichent le label Solid’R. Ce label, explique Benoît Gaublomme, responsable de la collecte textile, a été mis en place car la présence d’opérateurs privés, parfois sous un couvert pseudo-humanitaire, est une source de confusion dans le public. Les opérateurs Solid’R s’engagent au respect de règles éthiques et solidaires et à leur contrôle par un organisme indépendant. Ainsi, les citoyens qui souhaitent se défaire de biens au profit d’un projet de solidarité ont la certitude que ces biens seront revalorisés dans cet objectif. Ce label, belge au départ, est en train de s’internationaliser, comme en témoignent les récentes certifications d’opérateurs français et italien.

Après les bulles à vêtements, le Roi Philippe découvre la chaîne de tri avec Christian Dessart, directeur de Terre asbl et plusieurs opérateurs qui lui expliquent leur travail. Chaque vêtement est trié deux fois afin de lui donner la meilleure affectation possible. Le but est de privilégier la réutilisation, c’est-à-dire de réinsérer le vêtement sur le marché de la seconde main ; c’est le cas pour 55 % des dons. Les habits trop usés pour être à nouveau utilisés en tant que vêtements peuvent, dans certains cas, être recyclés ; 28 % des dons sont confiés à des recycleurs qui les défibrent et les réutilisent dans une fonction autre que l’habillement. Mais pour de trop nombreux dons (17 %), il n’existe aucune possibilité de réutilisation ni de recyclage. Ceux-là doivent être éliminés aux frais du groupe Terre.

Au sein de l’atelier de tri, les équipes présentent également au Souverain leur mode de gestion particulier. La dizaine d’entreprises du groupe Terre compte en tout plus de 400 travailleurs : 170 femmes et 270 hommes, en insertion professionnelle pour la plupart ; une trentaine de nationalités sont représentées ; les générations se mêlent. Et tout ce petit monde s’organise en gestion participative en démocratie directe. C’est-à-dire que les travailleurs sont directement impliqués dans le débat et la prise de décisions, qu’elles soient opérationnelles, stratégiques ou politiques. Chacun – ouvrier, employé, manager – est considéré comme coresponsable de son entreprise. Avec une telle diversité des profils, organiser le débat tient parfois de la gageure. Mais la force et la pérennité de projet Terre reposent certainement sur ce recours à l’intelligence collective pour faire face aux différents défis rencontrés en septante ans d’existence.

Retour sur 70 ans d’économie sociale et solidaire

Après la visite du centre de tri, le Roi participe à une table ronde avec des collaborateurs des différentes entités du groupe, mais également quelques fondateurs du projet Terre. Godefroid Bodeüs, Salvatore Vetro, Raphaël Ernst et José Constant sont en quelque sorte la mémoire du groupe Terre. Ils ont bien connu William Wauters, le fondateur et père de l’actuel Président. Ils sont fiers de retracer pour le Roi Philippe l’histoire d’un projet dans lequel ils se sont investis toute leur vie.

Le début des activités remonte à 1949, dans l’immédiat après-guerre. Quelques amis décident d’unir leurs efforts pour aider ceux qui sont dans le besoin : reconstruire un toit, trouver de quoi loger ou chauffer une famille, etc. Ensuite, l’économie belge se redresse et la situation quotidienne de la population s’améliore. Ces amis décident alors de s’investir ailleurs dans le monde où des gens sont dans le besoin. Partant du constat que lorsque l’économie va, tout va, ils se lancent dans des projets industriels ou agricoles. Ils souhaitent ainsi améliorer durablement les conditions de vie des populations locales.

Terre asbl est officiellement créée en 1963. Dans les années suivantes verront le jour une plâtrière en Algérie, une fabrique de vélos au Nicaragua, un soutien aux fermiers de l’île de Negros aux Philippines, entre autres réalisations. Tous ces projets sont financés par la vente de vieux papiers, vêtements et métaux collectés lors de grands ramassages en Belgique. Une dizaine de samedis par an, des centaines de volontaires de tous horizons, souvent d’origine ouvrière, se mobilisent à bord de camions prêtés par des entreprises ou des communes.

En 1973, le premier choc pétrolier plonge dans la récession de nombreux pays, dont la Belgique. Les restructurations et fermetures d’usines sont nombreuses. Beaucoup d’ouvriers qui participaient bénévolement aux grands ramassages se retrouvent sans emploi. Terre asbl se sent immédiatement interpellée. En 1980, elle opère une mutation et transforme son activité de récupération réalisée par des bénévoles au profit de postes de travail salariés. Dans le même temps, une seconde association est fondée pour reprendre les projets de solidarité internationale. Enfin, un nouveau combat pour une économie respectueuse de l’intérêt général débute. L’entreprise à finalité sociale en est la clé de voûte. En effet, chaque fois qu’une entreprise abandonne la logique exclusive de profit pour viser l’intérêt général, elle devient une brique dans la construction d’une économie respectueuse des gens et de leur environnement.

Depuis 1949, chaque génération a mené le projet Terre avec la vision de participer à la réalisation d’un monde démocratique où chaque être humain peut se réaliser dans la dignité, le respect mutuel et celui des générations futures.

 

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